Popularisé par le film “Gangster Squad”, Mickey Cohen a été l’un des mafieux les plus influents de Los Angeles entre les années 30 à 60.
Sans pitié, violent et assoiffé d’argent, il était le genre de gangsters qui n’hésitait pas à tuer tous ceux qui se trouvaient sur son passage.
À l’image d’Al Capone, Mickey Cohen aimait s’afficher devant les médias. Étant perçu comme un “gangster star”, il avait pour habitude de côtoyer l’élite hollywoodienne et ses plus grandes célébrités, la plus connue étant Frank Sinatra.
Nombreux étaient alors ceux qui rêvaient de s’asseoir à sa table, quand bien même sa réputation de baron du crime.
Pour en savoir plus sur sa vie de mafieux, plongeons ensemble dans le Los Angeles d’après-guerre où crime et corruption étaient légion.
La jeunesse de Mickey Cohen
Un père parti trop tôt
Mickey Cohen est issu d’une famille juive ayant fui la pauvreté et l’antisémitisme de la Russie tsariste pour les États-Unis. Sans éducation et ne connaissant pas la langue, ses parents (Max et Fanny Cohen) immigrent en Amérique dans le but de trouver un avenir meilleur.
Installés dans un quartier précaire de New-York, ces derniers élèvent leurs 6 enfants, dont Meyer Harris Cohen dit Mickey Cohen, le dernier de la famille.
Il vient au monde le 4 septembre 1913, à Brooklyn.
Malheureusement pour lui, seulement deux mois après sa naissance, son père (Max Cohen) meurt, laissant un grand vide dans son éducation.
Travailleur, religieux et intègre, Max Cohen était tout le contraire de ce qu’allait devenir son enfant plus tard…
Quartier de Brooklyn à New York dans les années 20.
Sa mère, à présent veuve, fera dès lors tout de son côté pour lui garantir le meilleur futur.
En 1915, elle et ses enfants déménagent vers la côte ouest des États-Unis, à Los Angeles.
Connaissant un vrai boom économique à cette époque, la cité des anges attire en effet de nombreux immigrés. Dont les Cohen qui s’en vont tenter l’aventure.
Direction Los Angeles pour un avenir meilleur
L’Ouest américain connaît une forte expansion économique suite à l’ouverture des chemins de fer.
Le commerce, plus que jamais favorisé, permet à Los Angeles et les villes avoisinantes de se développer drastiquement.
Comme plusieurs Américains durant ce temps-là, la famille Cohen se laisse tenter par l’aventure, et ce, dans le but d’entrevoir un avenir plus radieux.
Ils emménagent alors dans le quartier de Boyle Heights, un bidonville situé à l’est du centre de Los Angeles.
Des immigrés de différents horizons y résident, tels que des :
- Italiens
- Mexicains
- Russes
- Japonais
- Chinois
- Et surtout juifs
Photo de Boyle Heights, le quartier de Los Angeles dans lequel Mickey Cohen et sa famille vivaient.
À l’instar de New York, les conditions de vie sont pénibles.
Ce qui n’empêche pas pour autant Fanny Cohen d’élever ses enfants du mieux qu’elle peut.
Cette maman courageuse travaille dur pour que Mickey et ses frères et sœurs puissent se nourrir et se vêtir convenablement.
Très occupée par le travail, elle n’a toutefois pas beaucoup de temps pour s’occuper de leur éducation. L’absence du père n’arrangeant rien, Mickey et ses frères sont par conséquent progressivement livrés à eux-mêmes.
Les jeunes garçons commencent alors à explorer les rues de Los Angeles…
Le jeune Mickey Cohen plonge dans la délinquance
Sans figure paternelle, Mickey se tourne naturellement vers son grand frère Harry. Ce dernier l’influence très jeune dans la criminalité, en le faisant participer notamment aux jeux d’argent et au trafic d’alcool (la prohibition étant en vigueur à cette époque).
À cette période, Mickey est à peine scolarisé en classe de CP.
En école primaire, il s’absente à de multiples reprises, ce qui lui fait manquer les bases de son apprentissage scolaire (jusqu’à l’âge de 30 ans, il sera incapable de lire, écrire ou même de compter au jusqu’à 5).
Ses premiers ennuis avec la police surviennent précocement, à l’âge de 8 ans.
Pris en flagrant délit, il se fait arrêter par un agent de la prohibition et envoyer dans un centre de détention pour mineurs.
Mais il est rapidement relâché.
Mickey Cohen, qui n’a pas l’intention de se repentir, continue dès lors sa vie de jeune délinquant.
À l’âge de 10 ans, il braque un cinéma muni d’une batte de Baseball !
Un délit qui le fait cette fois-ci emprisonner dans un centre de détention plus strict, dans lequel il passe 7 mois avant d’être finalement libéré.
À côté de ses délits criminels, Mickey travaille également en tant que vendeur de journaux au centre-ville de Los Angeles.
Une activité dans laquelle il fait face à une concurrence rude et où il use des poings pour dominer les secteurs les plus profitables.
Durant ces échauffourées, il développe d’ailleurs un talent de boxeur, qu’il met à profit en commençant par la suite quelques combats amateurs.
Image d’illustration montrant un jeune garçon de 7 ans vendeur de journaux (1914)
Sa carrière de boxeur et sa soif irrésistible d’argent
C’est à l’âge de 11 ans que Mickey Cohen entame sa carrière de boxeur. Il débute en amateur et fait de nombreux combats dans tout Los Angeles.
Sur le ring, le jeune Mickey ne perd pas beaucoup. Il enchaîne les victoires et se voit même remporter rapidement son premier titre : celui de champion poids mouche de la ville.
À 13 ans seulement, son nom apparaît pour la première fois dans les journaux.
Mickey Cohen à l’âge de 17 ans en tenue de boxe.
Mickey se prend par conséquent de passion pour la boxe, mais n’oublie pas pour autant la débrouillardise. Autrement dit : l’école de la rue et les petits boulots qui lui permettent de gagner son pain.
Le jeune adolescent a en effet cette envie d’en vouloir toujours plus, que ce soit à travers les biens matériels, le respect ou l’attention des gens qui l’entourent.
Ce désir de s’élever socialement se traduit alors par la domination plusieurs territoires de vente, le plus souvent acquis par la force.
Sur ces zones de vente à la sauvette, il écoule toutes sortes de marchandises, comme des :
- Journaux
- Sodas
- Ou sucreries
Ses premiers contacts avec le crime organisé
Nous sommes à présent en pleine Grande Dépression. La crise économique de 1929 touche l’Amérique de plein fouet.
Mickey, âgé de 15 ans, s’en va rejoindre à cette période son frère Harry sur la côte est des États-Unis, à Cleveland..
Là-bas, le jeune Mickey entre véritablement dans le monde professionnel de la boxe et côtoie par la même occasion plusieurs grands noms de la mafia locale.
En fréquentant cette pègre, Mickey Cohen ne peut s’empêcher de les envier, que ce soit pour leurs habits de luxe, leur argent ou encore leur statut.
Image d’illustration représentant un combat de boxe dans les années 1920.
D’ailleurs, ces mafieux qu’il idolâtre vont rapidement le repérer et déceler en lui un vrai talent de boxeur. Ils lui proposent ainsi de partir pour New York afin de s’entraîner avec de plus grands managers.
Une proposition qu’il accepte.
Seulement un an après être arrivé à Cleveland, le jeune Mickey part donc en direction de Manhattan, où une possible grande carrière de boxeur l’attend.
Mickey Cohen devient braqueur de banques
Arrivé à New York, les performances de Mickey sur le ring sont moins bonnes, ce qui le pousse à revenir prématurément à Cleveland.
Là-bas, il continue tout de même à boxer mais son envie n’y est plus.
Pour gagner sa vie Mickey préfère se tourner vers le grand banditisme, en se spécialisant notamment dans les vols à main armée.
Avec sa bande, il effectue 2 à 3 braquages par semaine, rien que ça…
Son but à cette période est d’accumuler un maximum d’argent.
Ce qu’il ne sait pas en revanche, c’est qu’il empiète sur le territoire de la mafia de Cleveland, déjà bien ancrée dans la zone.
Cette dernière, mécontente de ne pas avoir reçu sa part, le convoque dès lors à une réunion.
Sur la gauche : la photo d’identité judiciaire de Mickey Cohen pour sa première arrestation d’adulte (1933).
Sur la droite : Meeting de la mafia à Cleveland en 1928.
À cette convocation, les boss mafieux le mettent en garde mais voient immédiatement en Mickey un grand potentiel.
De nature violente et intrépide, il semble en effet convenir parfaitement au profil qu’ils recherchent.
Âgé seulement de 19 ans, Mickey Cohen rejoint donc les rangs de la mafia clevelandaise et ce, en tant qu’homme de main et tueur à gages.
Transféré à Chicago par ses chefs… puis renvoyé à Los Angeles où un plan l’attend
Travaillant désormais en tant qu’exécuteur pour le compte du crime organisé de Cleveland, Mickey Cohen poursuit tout de même ses attaques à main armée.
Un de ces hold-up le pousse d’ailleurs à quitter la ville d’urgence !
L’incident se passe lors du braquage d’une cafétéria dans lequel une fusillade éclate entre la bande de Mickey et les forces de l’ordre.
Pris au piège, les gangsters voient, après ce hold-up, un des leurs se faire arrêter. Condamné puis envoyé en prison, ce dernier mettait ainsi la bande de Cohen dans l’embarras.
Reconnu coupable quelques temps plus tard par un des témoins de la scène, Mickey Cohen est par conséquent également arrêté.
Son affaire judiciaire traîne pendant des mois.
Fort heureusement pour lui, il réussit à s’en sortir avec une peine relativement légère et pense dès lors reprendre ses casses comme avant.
Sauf que non.
Cette mésaventure avec la justice n’a en effet pas du tout plu à ses chefs, qui voient là une mauvaise publicité pour leurs affaires.
Ces derniers prennent la décision de le faire partir de la ville.
Mickey est contraint de partir pour Chicago dans le but de faire profil bas.
Quelques photographies de la ville de Chicago dans les années 30.
À cette période, Chicago n’est plus dominé par l’empire criminel de Capone. Nous sommes en 1934 et l’ancien baron du crime est incarcéré à Alcatraz où la syphilis le ravage.
Mickey Cohen, arrivé là-bas, est tout de suite mis en relation avec l’Outfit (nom donné à l’organisation mafieuse de Chicago).
Il est présenté à plusieurs grands noms de la pègre locale, dont les frères Capone : Matthew et Ralph.
Avec l’approbation de l’Outfit, Mickey Cohen ouvre sa première table de jeu, puis une deuxième qu’il truque de manière que les joueurs soient perdants à tous les coups.
Une escroquerie qui ne plait alors pas du tout à ses chefs, ainsi qu’à la police.
Il est par conséquent obligé, suite à cette arnaque, de quitter Chicago sur le champ.
Ces supérieurs de Cleveland le conseillent donc de retourner à Los Angeles où un projet l’attend…
Son ascension dans la pègre
Los Angeles, la cité des corrompus
Année 1937.
Après sa virée sur la côte est des États-Unis, Mickey Cohen revient dans la ville qu’il a vu grandir : Los Angeles.
Une ville qui n’a alors rien à voir avec le reste des USA en matière de criminalité.
Contrairement à New York et Cleveland où les jeux d’argent sont contrôlés par le crime organisé, à Los Angeles ce sont des policiers corrompus qui les gèrent.
Le marché du racket est lui sous l’emprise d’une poignée d’hommes d’affaires et de politiciens, protégés par la justice.
À gauche : le politicien Charlie Crawford, le plus grand racketteur de Los Angeles pendant les années folles.
À droite : Guy McAfee et sa femme. Un capitaine de police corrompu de la LAPD qui remplacera Charlie Crawford à la tête du racket de Los Angeles.
Il faut dire qu’à cette période, la mafia n’est pas encore bien implantée sur la côte ouest des États-Unis.
C’est d’ailleurs pourquoi Mickey Cohen est envoyé là-bas, dans le but de renverser la tendance.
D’après ses chefs de Cleveland, il doit rejoindre les rangs d’un certain Bugsy Siegel, un gangster notoire de la mafia new-yorkaise.
Leur mission est la suivante : prendre le contrôle du marché du racket de Los Angeles, et ce, peu importe les moyens utilisés.
Mickey Cohen sous l’aile de Bugsy Siegel
Benjamin Siegel, surnommé “Bugsy” (le fou en anglais), est envoyé par la mafia new-yorkaise afin de mettre la main sur le marché du racket de Los Angeles.
Ses partenaires de la côte est lui donnent carte blanche pour quadriller la zone et étendre les opérations.
Mickey Cohen, qui joue le rôle d’homme de main, l’aide dans cette mission assez périlleuse.
Le jeune délinquant doit désormais obéir aux ordres de Bugsy qui ne perd pas de temps pour le mettre au travail.
À gauche, Bugsy Siegel et à droite, Mickey Cohen.
Mickey commence sa tâche en lançant de nombreuses descentes dans les bars de jeux d’argent et autres bordels contrôlés par les racketteurs locaux.
Une stratégie qui paye vite et qui permet à la bande de Bugsy d’étendre son empire. Le gang accapare alors plusieurs activités criminelles notables, jusqu’à contrôler la quasi-totalité du marché de racket de Los Angeles.
L’expansion de son empire criminel
Au cours des années 40, Mickey Cohen commence à tirer son épingle du jeu dans le crime organisé de Los Angeles.
Dans le gang de Bugsy, il prend en effet de l’ampleur et gagne à la fois en réputation et en pouvoir.
On lui confère dès lors de nouvelles responsabilités, qui se révèlent plus importantes que les précédentes.
Mickey voit à cet instant sa carrière de gangster changer du tout au tout. Les nombreux bars de jeux d’argent qu’il possède augmentent considérablement son influence.
Avec au total plus de 500 associés bookmakers, il peut à présent asseoir les bases de son empire et de son hégémonie.
Son empire criminel, il ne tarde d’ailleurs pas à le diversifier.
De fait, en plus des jeux de hasard, Mickey Cohen prospère également dans la vente de vêtements, d’alcool, de parfums, d’essence, de timbres et même de sauces spaghetti !
Sans compter ses nombreux restaurants, discothèques et bars qui lui permettent de passer un niveau supérieur dans le crime organisé.
La prostitution, l’extorsion et le trafic de drogue seront les autres secteurs dans lesquels il excelle (des entreprises qu’il essayera alors de cacher pour ne pas entacher l’image du businessman respectable qu’il tente difficilement d’avoir).
Son influence sur la Cité des Anges change donc radicalement.
À ce moment-là, rien ne semble pouvoir l’arrêter. Pas même la police qu’il soudoie d’une main de maître.
Entre-temps, Mickey se marie avec LaVonne Norma Weaver, une mannequin et prostituée irlandaise pour qui il se prend d’affection.
Cette union lui permet ainsi d’être exempté d’enrôlement à l’armée, à une période où la Seconde Guerre Mondiale battait son plein.
LaVonne Weaver et Mickey Cohen.
Les 2 mariés emménagent en 1944 dans le quartier le plus chic de la ville : Beverly Hills.
Propriétaire d’une résidence spacieuse et luxueuse, Mickey Cohen vit ainsi pleinement son rêve américain.
Un rêve qui se poursuit d’ailleurs lorsqu’il apprend le départ de son chef, Bugsy Siegel.
Après des problèmes avec la justice, ce dernier dit en effet avoir marre de la vie de Los Angeles et fait ses valises.
Cette absence fait le bonheur de Mickey qui peut à présent étendre sa domination sur la ville.
Le Gangster Squad et la famille Dragna contre Mickey Cohen
À présent dans le rôle de baron du crime de Los Angeles, Mickey Cohen peut enfin assouvir sa soif de pouvoir.
Son ascension fulgurante vers les hautes sphères de la criminalité ne se fait toutefois pas sans conséquence. Nombreux sont en effet les concurrents (et ennemies) qui souhaitent l’abattre.
Voyant sa réussite d’un mauvais œil, ils vont tout faire pour le stopper.
Parmi eux figure Jack Dragna, chef de la famille mafieuse italienne la plus influente de Los Angeles.
Jack Dragna, chef de la famille mafieuse Dragna de Los Angeles.
Avec le gang des Dragna, les hostilités commencent le 20 juin 1947, date à laquelle Benjamin “Bugsy” Siegel se fait assassiner.
Alors encore sous-boss de Busgy, Mickey devient officiellement le chef du gang suite à ce meurtre, reprenant ainsi toutes les opérations criminelles.
Tout cela, sans même consulter l’avis des Dragna qui voient dès lors leur autorité contestée.
Pour eux, cette prise de décision unilatérale est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Ce qui suit est une escalade des tensions qui mène quelque temps plus tard à la guerre entre les 2 clans.
Une confrontation opposant les Cohen aux Dragna.
Pour faire payer le manque de respect de Mickey, les Dragna échafaudent le projet de l’assassiner.
Ce qu’ils font en menant de nombreux raids armés contre lui.
Chanceux, Mickey survit toutefois à chacune d’entre elles.
Cette guerre de gangs est en effet d’une importance capitale pour les Dragna. Leur situation financière et politique, en mauvaise posture suite à la prise de pouvoir de Cohen, les poussent inéluctablement à agir.
De plus, les autorités judiciaires ainsi que la police sont en grande majorité contrôlées par Mickey, qui rafle tout sur son passage.
Sans oublier les diverses entreprises en sa possession qui prolifèrent dans tout Los Angeles et qui augmentent un peu plus sa mainmise sur la ville.
Haï donc par les Dragna, Mickey Cohen voit cependant un autre ennemi faire son apparition : le Gangster Squad, une unité de police secrète créée à la fin de l’année 1946.
Cette dernière a pour but de mettre fin au crime organisé de Los Angeles.
Composés de 7 agents à sa création, cette unité de police est notamment connue pour être sans foi ni loi.
Effectuant la plupart de leurs missions dans la plus grande des discrétions.
Et c’est le cas de le dire, quand on sait qu’ils :
- Ne possédaient pas de bureaux
- Travaillaient toujours en civil avec des vêtements de ville et des voitures banalisées
- Et étaient incognitos dans les fichiers de police de Los Angeles
Photo de groupe du Gangster Squad (1948).
Il faut dire qu’à cette époque, Mickey n’est pas du tout inquiété par les forces de l’ordre, qui sont soit corrompus ou effrayés à l’idée de contrarier ses opérations.
Tout le contraire donc du Gangster Squad, qui a la ferme intention de le traquer et l’arrêter pour de bon.
Ces policiers de l’ombre n’attendent d’ailleurs pas longtemps pour réaliser leur premier grand coup.
Par le biais d’un de leurs agents déguisé en technicien TV, ils réussissent de fait à infiltrer la maison des Cohen et placer un mouchard qui leur permet de récupérer plusieurs écoutes téléphoniques précieuses.
D’autres opérations sont également menées par cette escouade.
Et pas uniquement de façon furtive.
Nombreux sont en effet les raids armés menés par le Gangster Squad pour mettre un terme aux activités illégales de Cohen.
Attaqué par les Dragna et maintenant par le Gangster Squad, le règne de Mickey Cohen semblait dès lors plus que jamais menacé…
Ses fréquentations avec l’élite hollywoodienne et ses œuvres de charité
Être baron du crime signifie généralement l’obligation de faire profil bas. Dans le cas de Mickey Cohen, c’était tout le contraire.
Cherchant avant tout la célébrité, le gangster avait pour habitude de faire la Une des journaux de l’époque.
Depuis son ascension dans le crime organisé, les médias lui offraient en effet beaucoup plus d’attention.
Au point de passer au rang de rockstar hollywoodienne !
Ses sorties consistaient ainsi à signer des autographes et à fréquenter le soir les clubs les plus branchés de la ville.
Là-bas, Mickey était souvent vu aux côtés des hauts responsables politiques mais aussi de grandes célébrités, telles que :
- Frank Sinatra
- Robert Mitchum
- Sherry Jackson
- Dean Martin
- Jerry Lewis
- Ou encore Sammy Davis Jr.
Frank Sinatra à gauche et Mickey Cohen à droite.
Comme Al Capone, il avait ce besoin perpétuel de soigner son image et sa réputation.
Pour cela, il venait généralement en aide aux plus pauvres via des associations caritatives. De cette manière, il était sûr de s’attirer les faveurs du grand public.
Ces actions humanitaires ne lui servaient cependant pas beaucoup…
La réalité du terrain, bien plus rude, le rattrapait sans cesse.
La chute progressive du parrain de Los Angeles
Tentatives d’assassinat à répétition
Toujours dans le viseur des Dragna, Mickey Cohen continue de subir de plein fouet les attaques du clan mafieux rival.
La guerre entre les 2 gangs poursuit ainsi son cours dans un Los Angeles à bout de souffle.
Jack Dragna, l’actuel boss de la famille, est toujours autant résolu à l’idée de faire tomber Cohen en vue de récupérer plusieurs territoires prospères.
À cet égard, il peut d’ailleurs compter sur l’arrivée d’autres factions mafieuses pour l’épauler (notamment celle de Chicago).
Avec ces nouveaux renforts, la famille Dragna continue donc son entreprise de plus belle.
Mickey Cohen, bien qu’étant en mauvaise posture, ne se laisse pas abattre pour autant.
Malgré les nombreuses descentes armées, il réussit chaque fois à s’en sortir.
Un peu comme le matin du 20 juillet 1949.
Ce jour-là, Mickey Cohen, en quittant le quartier chic de Sunset Strip, subit une nouvelle offensive meurtrière des Dragna.
Cette attaque, désignée comme la plus violente de l’Histoire de Los Angeles, feait 2 blessés graves, dont le lieutenant de Cohen et son garde du corps.
Neddie Herbert, lieutenant de Cohen, grièvement blessé suite à l’embuscade du Sunset Strip. On le voit ici se faire porter vers une ambulance.
Mickey et ses hommes après l’attaque.
Aucune perte n’est à signaler, toutefois ces attaques répétées rendent l’atmosphère insoutenable à Los Angeles…
D’abord pour les gangsters, qui voient leur business délaissés au profit d’une violence peu rentable.
Mais surtout pour les civils qui subissent de plein fouet les dommages collatéraux de ces règlements de compte criminels.
Ce chaos prédominant leur fait d’ailleurs prendre conscience la nécessité de se débarrasser de la pègre.
Pourtant à cette période, les Dragna voient enfin leurs efforts payer. Leurs raids incessants parviennent finalement à malmener Cohen !
D’un point de vue humain d’abord, en lui faisant perdre plusieurs de ses soldats en l’espace d’un an. Mais également d’un point de vue financier, en ruinant progressivement ses caisses (la guerre étant généralement mauvaise pour le business dans ce milieu).
Au total, ce sont près de 9 tentatives d’assassinat que Mickey Cohen et son gang subissent.
Dont une particulièrement brutale, au matin du 2 février 1950. Une attaque signée Tom Dragna, le fils de Jack.
Ce jour-là, 30 bâtons de dynamite pulvérisent la résidence de Mickey Cohen. L’énième assaut qui se révèle être celui de trop…
L’incident spectaculaire attire en effet l’attention des journaux qui surmédiatisent l’évènement. Jusqu’à ce qu’il arrive aux oreilles des autorités fédérales…
Une très mauvaise nouvelle donc pour Mickey.
La résidence de Mickey suite à l’explosion.
Mickey Cohen face à la Commission Kefauver
1950 est l’année qui fait prendre conscience aux Américains l’ampleur de la gangrène mafieuse sur leur sol. Et ce, en partie grâce à un homme : Estes Kefauver.
À cette époque, ce sénateur américain mène et préside la plus vaste enquête sur le crime organisé aux USA.
Une enquête ayant pour nom : la Commission Kefauver.
Photo d’Estes Kefauver dans son bureau.
Lors de cette commission, près de 600 témoins sont entendus à travers tout le pays dans des audiences largement médiatisées.
De grands noms de la pègre y sont convoqués, tels que : Willie Moretti, Joe Adonis ou encore Frank Costello.
Mickey Cohen n’y échappe pas lui non plus.
Depuis l’explosion de sa résidence, il est dans les radars des agents fédéraux.
Il est d’ailleurs convoqué le 17 novembre 1950 dans le bâtiment fédéral de Los Angeles.
Mickey Cohen face à la Commission Kefauver en train de répondre aux questions.
Face aux sénateurs, il doit répondre à des questions bien précises dans le but de savoir si oui ou non on le considère comme ennemi de la nation.
Les interrogations portent principalement sur ses nombreux business illégaux.
L’audience conclue, le sénateur Kefauver et ses collègues communiquent alors les résultats de leur concertation.
Ces dernières sont sans équivoque : pour eux Mickey Cohen est un chef mafieux influent et puissant qui menace dangereusement la sécurité du pays.
Ce verdict, sans appel, est le moment où Mickey atteint le point de non-retour.
Après cela, le gouvernement et les autorités fédérales n’étaient pas prêts de le lâcher de sitôt.
Tombé pour évasion fiscale
Tout compte fait, l’ennemi le plus redoutable pour Cohen n’aura pas été la mafia ou la police, mais bel et bien le centre de contrôle des finances.
L’évasion fiscale était en effet le cauchemar pour beaucoup de mafieux de l’époque. La plupart la redoutaient, car elle signifiait généralement un séjour en prison assuré.
Ce dont Mickey était au courant.
Pourtant, cela ne l’a pas l’empêché d’être convoqué le 6 avril 1951 pour ce même motif d’inculpation.
Effectivement, lui et sa femme doivent près de 300 000$ au centre des impôts, une somme alors très élevée pour l’époque (équivalant environ à 2.7 millions de dollars actuels).
Leur procès, d’une ampleur nationale, commence le 3 juin 1951.
La salle, remplie à craquer, compte de nombreux journalistes et photographes qui sont là pour couvrir l’événement. Quelques célébrités du cinéma font également le déplacement.
Le jugement des Cohen commence dès lors par la femme de Mickey, aussi inculpée dans l’affaire.
Ses charges sont toutefois très vite abandonnées et ce, en partie grâce à son mari qui affirme aux juges son entière innocence.
D’après lui :
“Elle n’en sait pas plus qu’un bébé de 1 jour”
Vient ensuite le tour de Mickey de passer à la barre.
Son affaire étant plus complexe, le procès dure plus de 12 jours.
Avec des délibérations qui prennent elles plus de 4 heures.
Mickey Cohen accompagné de ses avocats durant le procès pour évasion fiscale.
Quand vient le moment de la sentence, les jurés désignent Mickey Cohen comme coupable.
Il est accusé de 4 chefs d’accusation (dont 3 pour évasion fiscale et 1 pour fausse déclaration d’impôts).
La peine suivante lui est attribuée : 5 ans de prison et une amende de 100 000$ (soit 830 000$ de nos jours).
Une décision qui le met en rogne au point de vouloir en découdre avec les juges, à l’image d’un boxeur sur le ring.
Mais le mal est fait, le mafieux le plus puissant de Los Angeles part séjourner en prison.
Son cauchemar carcéral
Mickey Cohen, suite à ce procès, tente de faire appel à maintes reprises, en vain.
En 1952, il rejoint la prison fédérale de McNeil Island, située dans le nord-ouest des USA (pas loin de Seattle).
Là-bas, son train de vie ne change pas beaucoup. Ses conditions de détention sont relativement confortables.
Il peut manger ce qu’il veut et a même la possibilité de dîner en privé avec les gardes de la prison. Tout lui est permis et ce, grâce à la corruption qu’il exerce sur le personnel.
Dans ce pénitencier, il passe 3 ans et 8 mois avant d’être relâché et mis en liberté conditionnelle pour bonne conduite.
De retour dans la Cité des Anges, son influence est néanmoins largement ternie.
À son retour, sa femme le décrit comme devenu une personne misérable et pathétique. Ayant eu l’impression d’être abandonné par son entourage, Mickey dit en effet ne vouloir voir plus personne.
Un sentiment de solitude qui s’intensifie lorsque sa femme LaVonne demande le divorce le 18 juin 1958.
Or, à ces mauvaises nouvelles s’ajoute une autre, bien plus grave…
Le centre des finances, toujours à ses trousses, revient à la charge dans le cadre d’une autre affaire de fraude fiscale.
Mickey Cohen est convoqué pour un second procès qui débute le 2 mai 1961.
Ce dernier dure 41 jours et réunit cette fois-ci plus de 200 témoins et près d’un millier de pièces à conviction.
Tout est alors réuni pour prouver la fraude fiscale de Cohen pour la période de 1956 à 1958.
D’après le procureur, il devrait plus de 400 000 dollars aux impôts (soit 3.1 millions $ aujourd’hui).
22 heures de concertation sont nécessaires aux les jurés pour donner leur verdict.
Mickey, la tête inclinée vers le bas, attend ainsi la sentence…
Quand les résultats tombent, on le désigne coupable de 8 chefs d’accusation pour évasion fiscale.
Mickey Cohen prend 15 ans de prison !
Un séjour qu’il doit effectuer, qui plus est, dans la prison la plus strict du pays : l’île pénitentiaire d’Alcatraz.
Cette décision judiciaire sonnait par conséquent le début de la fin pour le baron du crime de Los Angeles…
Photo d’identité judiciaire de Mickey Cohen à Alcatraz (à gauche).
Sur la droite, on le voit menotté et escorté par des policiers.
Arrivé à Alcatraz, Cohen reste quelque temps avant d’être transféré à la prison d’Atlanta (la prison d’Alcatraz ayant été fermé en mars 1963 par Robert F. Kennedy, le procureur général des États-Unis à cette époque).
À Atlanta, sa vie bascule à tout jamais.
Alors qu’il regarde les informations en milieu de journée, son codétenu muni d’un tuyau en plomb le frappe à la tête à de multiples reprises.
Ce qui blesse grièvement Mickey, qui subit une fracture et une énorme entaille au crâne.
De nombreux fragments d’os viennent de plus se loger dans son cerveau, compliquant un peu plus son état de santé.
Pendant près de 2 semaines, il reste dans le coma.
À sa sortie, Mickey Cohen devient plus que l’ombre de lui-même. Les lésions cérébrales irréversibles le paralyse à vie.
L’ancien boxeur est dès lors contraint de marcher avec une canne pour le restant de ses jours.
Il est libéré de prison au mois de janvier 1972, à l’âge de 58 ans et ce, après plus de 10 ans passé sous les verrous.
Mickey Cohen marchant avec une canne sur la photo de gauche. Et
avec le visage amoché sur la photo de droite.
Les derniers jours de Mickey Cohen
De retour à Los Angeles, Mickey Cohen est désormais infirme.
Il tente là-bas de reprendre ses anciennes activités, mais sans succès. Les temps ont changé et nombreux de ses associés ne sont plus là, la plupart sont décédés.
Ses derniers jours, Mickey les passe à regarder des combats de boxe et à lutter contre la maladie.
Car oui, au mois d’octobre 1975, les médecins lui diagnostiquent un cancer de l’estomac en phase terminale.
Le pépin de santé de trop.
Largement diminué, il tient quelques mois avant de s’éteindre doucement sur son lit de mort le 29 juin 1976.
Son décès marque donc la fin d’une époque, celle où le crime organisé a régné dans les quartiers de Los Angeles en toute impunité.
En fin de compte, Mickey Cohen s’est imposé comme un des gangsters les plus excentriques de l’Histoire.
On pourrait ainsi comparer sa vie à celle d’Al Capone.
En effet, tous les deux avaient cet attrait pour les médias et ce besoin de reconnaissance.
Arrêtés pour le même motif d’inculpation (la fraude fiscale), ils ont tous les deux séjourné dans la prison d’Alcatraz.
Avant de finir l’un comme l’autre, diminués puis déchus de leur trône de parrain du crime.
Images de Cohen alors plus âgé.
Sources
https://www.goodreads.com/book/show/13220412-mickey-cohen
https://en.wikipedia.org/wiki/Mickey_Cohen
https://www.biography.com/crime-figure/mickey-cohen
https://en.wikipedia.org/wiki/Gangster_Squad_(LAPD)
https://en.wikipedia.org/wiki/Jack_Dragna
https://fr.wikipedia.org/wiki/Estes_Kefauver
Films, séries et jeux vidéo représentant Mickey Cohen
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