Narcos de miami dans les années 80

Comment les Narcotrafiquants ont Envahi Miami dans les Années 80 ?

Sommaire

Durant les années 70 et 80, Miami a été le théâtre d’une guerre effroyable liée au trafic de cocaïne.
Plusieurs cartels de la drogue (principalement celui de Medellín, Colombie) ont semé la terreur dans les rues dans cette ville réputée aujourd’hui comme l’une des plus touristiques des États-Unis.
Pour accaparer ce marché extrêmement fructueux (se chiffrant en milliards de dollars), les narcotrafiquants étaient en effet prêts à tout, comme tirer en plein jour à la mitraillette dans des endroits bondés.

À cette époque, la violence était devenue endémique à Miami et l’afflux de stupéfiants (surtout la cocaïne) augmentait constamment. Pendant l’espace de quelques années, la ville était même reconnue comme la capitale mondiale de la drogue.
Mais alors comment cela a-t-il été rendu possible ? Comment se fait-il que les trafiquants ont proliféré dans cette région des États-Unis et pas ailleurs ?
Dans cet article, je vais tenter d’y répondre.

Partons donc ensemble découvrir cette sombre partie de l’Histoire américaine à la fois violente et surréaliste : la guerre de la drogue à Miami dans les années 80.
Une période notamment rendue célèbre grâce à des œuvres culturelles comme la série « Miami Vice », le film « Scarface » (1983) ou encore le jeux vidéo « Grand Theft Auto : Vice City ».

La Floride, un paradis pour les gangsters depuis les années 20

L’histoire de la drogue à Miami, et en Floride d’une manière plus générale, remonte bien avant les années 70 et 80. En fait, les habitants de cette région ont dû faire face à des problèmes permanents liés aux transports de marchandises illégales.

En effet, en raison de sa situation géographique, la Floride (plus précisément le sud de la Floride) a longtemps été attrayante à plusieurs égards.
À cheval sur le golfe du Mexique, l’océan Atlantique et le détroit de Floride, l’État a été au fil du temps un lieu stratégique que ce soit pour le tourisme, l’agriculture ou le commerce. Son littoral, le plus long des États-Unis, a alors toujours été une porte ouverte pour les contrebandiers qui voyaient là une plaque tournante parfaite pour leurs entreprises illégales.

Le phénomène en question remontrait à l’époque des pirates et des flibustiers, mais dans cet article, nous allons limiter notre coup d’œil historique au XXe siècle, en commençant par les années 20.

Raid d'agents de la prohibition à Miami, 1925

Des policiers saisissent de l’alcool à Miami (Floride) pendant la prohibition (1925).

 

Durant les années folles, pour être plus précis le 17 janvier 1920, un nouvel amendement entre de fait en vigueur aux États-Unis. Plus connu sous le nom de « Prohibition », son but est d’interdire toutes formes de fabrication, de vente et de consommation d’alcool afin de lutter contre les problèmes liés à l’alcoolisme dans le pays.

Pendant plus de 10 ans, les américains étaient ainsi contraints de se passer de boissons alcoolisées.
Évidemment, certains se sont affranchis de la règle et un État en particulier faisait alors régulièrement preuve d’indiscipline à cet égard : la Floride.
Là-bas, l’alcool était tellement en abondance que la région devenait un véritable paradis pour les « bootleggers » (nom donné aux contrebandiers d’alcool durant la prohibition).

En plus de la contrebande d’alcool, la Floride était également connue pour les jeux d’argent, la prostitution, la violence, la corruption des élites gouvernantes et son mépris général de la loi.
L’établissement d’Al Capone (l’un des gangsters les plus célèbres de l’Histoire) à Miami vers la fin des années 20 est d’ailleurs la parfaite illustration du contexte hors-la-loi local de l’époque.

À l’apogée de la prohibition, nombreux étaient d’ailleurs les bars clandestins qui célébraient le vice de la production, du transport et de la vente d’alcool. À cette période, les trafiquants d’alcool n’hésitaient pas à exhiber fièrement leur butin et Miami était considérée comme le « Far West ». Un endroit où pouvait notamment circuler illicitement une quantité importante de rhum et où de violentes fusillades éclataient régulièrement entre la police, les gangs et les bandes rivales.

Cette anecdote résume ainsi plutôt bien la situation de l’époque :

  • En avril 1932, 5 agents de la prohibition tentent de faire une descente dans un restaurant de Miami Beach.
    Arrivés là-bas, la résistance est si rude qu’ils sont obligés de se barricader à l’intérieur de l’établissement et d’appeler à l’aide !
    Les clients du restaurant, à l’extérieur, avaient crevé leurs pneus de voiture…

Policiers de Miami détruisent de l'alcool en 1925

Destruction d’alcools par des forces de l’ordre de Miami en 1925.

 

La prohibition devenait la période d’anarchie et de débauche la plus prolongée de l’Histoire de Floride. En vérité, aucun État américain ne l’a aussi snobé que la Floride. Une marque de distinction qui allait dès lors présager les futures batailles contre le commerce de substances illégales…

En 1933, après 14 ans d’interdiction, l’alcool est de nouveau autorisé aux États-Unis.
À cet instant, Al Capone est en prison et son empire criminel n’est plus aussi puissant qu’avant. Son influence sur le marché local de la contrebande d’alcool depuis son installation à Miami Beach (1928) a été toutefois particulièrement notable.
En s’établissant là-bas, Scarface a effectivement changé la façon dont le monde criminel voyait la Floride, ce qui a permis à d’autres gangsters de suivre la même voie.
L’un d’entre eux se nomme Meyer Lansky : une des grandes figures du crime organisé américain (associé notamment à Lucky Luciano) qui a joué un rôle déterminant dans le développement du « Syndicat du crime » (la mafia des mafias à l’époque).

Le domaine de prédilection de Lansky était le jeu, qu’il développait dans ses nombreux casinos situés un peu partout, comme à Los Angeles, aux Bahamas, à Cuba et en Floride.
Lansky est arrivé dans le sud de la Floride pendant le boom du jeu dans les années 30.
Dans cette région, les affaires étaient alors très florissantes pour le mafieux. Jusqu’au moment où il devenait trop risqué pour lui de continuer. La surveillance accrue du gouvernement dans cet État avait en effet contraint Lansky à diversifier son business.
Avec sa bande, il s’est donc tourné vers les courses de chevaux et les paris sportifs, toujours en Floride. Puis il a traversé le Golfe du Mexique, vers la fin des années 40, et s’est rendu enfin à Cuba où il a été chaleureusement accueilli par Fulgencio Batista (le président cubain de l’époque).

Parking de casino à Miami en Floride dans les années 20

Parking d’un casino à Miami Beach, Floride (1922).

 

Par la suite, d’autres chefs mafieux, provenant du Nord des États-Unis, sont partis pour la Floride pour mener leurs activités et profiter du climat tropical de la région.
Cette tendance a continué dans les années 50, 60 et 70, notamment avec les 5 familles mafieuses de New York (période pendant laquelle la pègre italo-américaine était à son apogée).

Il faut savoir que dans les années 70, New York était connue comme la ville la plus violente des USA. Les 5 familles mafieuses (Bonanno, Colombo, Gambino, Genovese et Lucchese) faisaient régner la terreur dans la ville à l’époque.
Lorsqu’elles sont démantelées une décennie plus tard, New-York avait certes retrouvé son calme mais la violence se poursuivait désormais ailleurs.
Un autre foyer criminel s’était effectivement créé aux États-Unis.
Miami et le sud de la Floride devait faire face à une terrible guerre de la drogue…

Miami dans les années 70

La ville de Miami dans les années 70. 

Le boom du trafic de marijuana et de cocaïne à Miami dans les années 70

Avant de devenir le théâtre de violences inouïes dans les années 80, Miami était un endroit très calme où il était agréable de vivre.
Avant les années 70 (période pendant laquelle le trafic de drogue a commencé), la ville était alors plutôt pauvre. Les gratte-ciel, qui font aujourd’hui la beauté de Miami, n’existaient pas encore et le centre-ville était tout sauf dynamique. En fait, l’endroit était peuplé en grande partie de personnes âgées.

Pourtant, en 1975, un évènement allait tout changer.
À cette époque, plusieurs exilés cubains vivaient à Miami (et dans ses environs) notamment en raison de la prise de pouvoir de Fidel Castro et la tentative ratée d’invasion de la baie des Cochons dans les années 60.
Une grande majorité d’entre eux s’était ainsi lancée dans l’industrie de la pêche et gagnait très bien leur vie.
Sauf qu’en 1975, un incident fait tout basculer.
À cette date-là, les autorités bahaméennes leur interdisent de pêcher la langouste dans les eaux du Bahamas. Les pêcheurs cubains, qui dépendaient principalement de ce crustacé pour vivre, se sont retrouvés par conséquent sans emploi du jour au lendemain.
Bon nombre d’entre eux se sont donc tournés vers le trafic de marijuana.
De là, les problèmes ont commencé…

Grâce à leurs bateaux de pêche, certains des réfugiés cubains ont joué le rôle d’intermédiaire dans le transport d’herbe en provenance d’Amérique latine.
Pour acheminer la drogue, ils procédaient alors de la sorte :

  • Avec leur bateau rapide de pêche, ils chargeaient la marijuana en masse
  • Puis, ils la transportaient sur la côte américaine (dans le sud de la Floride)
  • La déchargaient
  • Et le travail était terminé, ni vu ni connu

Car, au final, personne ne disait rien.
Les contrôles sur la côte floridienne étaient inexistants et les trafiquants pouvaient dès lors entrer aux États-Unis comme dans un moulin.
Toutefois, lorsque des saisies de marijuana étaient réalisées, elles pouvaient être énormes ! Les autorités pouvaient parfois se retrouver avec des bateaux dans lesquels 40 tonnes d’herbe étaient stockées.

Saisie de marijuana à miami en 1987

Saisie importante de marijuana effectuée par la police de Floride dans les années 80 (image d’illustration).

 

Au fil du temps, la marijuana a alors commencé à affluer en masse à Miami.  Mais les trafiquants en possédaient tellement, qu’il devenait difficile pour eux de la vendre.
Les prix de l’herbe ont donc chuté et une autre substance illégale a pointé le bout de son nez : la cocaïne.

Au départ, la cocaïne était transportée en petite quantité, le plus souvent dans des valises. Cette drogue, largement plus chère que la marijuana, était ce qui allait déclencher la guerre de la drogue à Miami.

Nous sommes dans les années 70 et les autorités locales devaient par conséquent faire face à 2 types de trafics : la marijuana dans un premier temps (qu’ils arrivaient à saisir en grande quantité) et la cocaïne (un stupéfiant plus difficile à mettre la main dessus).

La cocaïne provenait majoritairement de Colombie, plus précisément de Medellín où plusieurs cartels de la drogue étaient implantés.
Parmi eux se trouvaient bien sûr celui de Pablo Escobar mais aussi celui de Fabio Ochoa Restrepo, un trafiquant de cocaïne considéré, à cette période, comme l’un des plus puissants au monde. Une sorte de parrain du commerce de cocaïne en somme.

Fabio Ochoa Restrepo

Photographie d’un des parrains de la cocaïne : Fabio Ochoa Restrepo.

 

Au départ, c’était le crime organisé cubain qui gérait le marché de la cocaïne à Miami. Les cubains avaient de fait le rôle d’intermédiaire entre la Colombie (où la coke arrivait en bloc) et les USA.
Ils étaient ainsi en contact avec les cartels de Medellín et faisaient entrer en contrebande la dope sur le sol américain.
Parmi eux, on peut notamment citer les frères Falcon et Sal Magluta : des contrebandiers cubains à l’origine d’un trafic d’environ 2 milliards de dollars de cocaïne venant de Colombie.

Mais les colombiens n’étaient pas seulement producteurs de cette drogue qui allait changer la face de Miami dans les années 80. Bon nombre d’entre eux étaient, comme les cubains, impliqués dans la distribution.
C’est alors qu’ils ont réalisé qu’ils abandonnaient une grande partie de leur profit à des personnes dont ils n’avaient pas besoin. Ces personnes-là étaient bien évidemment les cubains et ils les ont finalement remplacés.
Cela a dès lors permis à des narcotrafiquants colombiens d’émerger à Miami vers la fin des années 70. Tels que Rafael « Rafa » Cardona Salazar et Max Mermelstein : deux trafiquants de drogue notables de Miami travaillant pour le compte du cartel de Medellín.

Rafa et Max Melmerstein

À gauche : Rafael « Rafa » Cardona Salazar.
À droite : Max Mermelstein.

 

Rafa était considéré comme un membre clé du cartel de Medellin. Durant sa carrière de narcotrafiquant (c’est-à-dire dans les années 70 et 80), il aurait raffiné et expédié la plupart de la cocaïne consommée aux États-Unis.
Chaque kilo de coke qui arrivait sur le territoire américain était contrôlé par Rafa.
Max Mermelstein travaillait quant à lui pour Rafa. Les 2 étaient en fait de très bons amis. Ensemble, ils ont collaboré avec plusieurs narcotrafiquants de Colombie et ont transporté de la cocaïne en masse vers les États-Unis.
Voici quelques-uns de leurs partenaires de business :

  • Pablo Escobar
  • Les frères Ochoa
  • Gonzalo Rodriguez Gacha
  • Ou encore Carlos Lehder

Dès lors, la cocaïne ne se transportait plus dans de simples valises mais  arrivait soit par avion ou soit par bateau. Les quantités augmentaient et les autorités américaines étaient débordées.
Au début, les paquets de cocaïne contenaient seulement 1 voire 2 kilos, puis ils sont très vite montés à 1 tonne, jusqu’à arriver à 10 tonnes !
Ainsi, la coke de Medellin venait à Miami en contrebande, pour se répandre ensuite dans tout l’Est des États-Unis.

À partir de là, de millions d’américains ont commencé à consommer cette drogue illicite. La cocaïne était à la mode et la demande devenait insatiable.
Vers la fin des années 70, 5 millions de personnes sniffaient, se shootaient ou fumaient de la coke mensuellement.

Suite à cet énorme afflux de drogue, l’économie de Miami est donc montée en flèche. Tout l’argent sale généré par le trafic de cocaïne était blanchi par les narcos dans des entreprises légales, telles que des bijouteries ou des boîtes de nuit (on estime que 80 milliards de dollars passaient annuellement dans l’économie souterraine à cette période).
La vie nocturne à Miami connaissait un vrai boom. Les night-clubs issus du trafic de drogue avaient pignons sur rue et les narcotrafiquants en profitaient alors pour exhiber leur Rolex, leurs bagues en diamant ou leurs bouteilles à prix exorbitant. Certains bandits pouvaient avoir 50 000 voire 100 000$ en poche.

L’un de ces clubs, le plus populaire à l’époque, était le « Mutiny ». Surnommé « l’Hôtel Scarface », il accueillait presque exclusivement des trafiquants de drogue, qui se rencontraient en général pour faire affaire.
Le « Mutiny » était un haut lieu de la criminalité mais il accueillait également des célébrités, comme le musicien Rick James, l’acteur de « Miami Vice » Philip Michael Thomas ainsi que des joueurs des « Miami Dolphins » (équipe de football américain local).
D’ailleurs pour la petite anecdote, l’hôtel Babylon du film « Scarface » (1983) a été inspiré du « Mutiny ».

Narcos dans l'hôtel Mutiny à Miami

Le dealer de cocaïne Nelson Aguilar et son ami le musicien Rick James au Mutiny (années 80).

 

Grâce au trafic de cocaïne, les narcotrafiquants se sont par conséquent beaucoup enrichis. Ce qui leur a permis d’acheter d’innombrables biens de luxe, tels que des voitures, des Rolex, des villas et d’autres biens immobiliers.
Tout cela a bien évidemment été rendu possible grâce à la corruption de la police et celle du système judiciaire. Les pots-de-vin durant cette période étaient fréquents.
Policiers, avocats, juges, la majorité d’entre eux étaient corrompus.

Puis est survenu un drame qui allait faire tomber Miami dans la violence…

Fusillade de Dadeland (1979) : la guerre de la drogue commence

1979 est l’année qui fait basculer Miami dans une autre dimension criminelle.
En plus du trafic de drogue, la ville devait maintenant faire face à un autre type de criminalité : les meurtres.

En effet, vers la fin des années 70, Miami voit son taux d’homicide augmenter drastiquement. De multiples cadavres (la plupart du temps de jeunes hispaniques) sont retrouvés par la police dans la commune et ses environs.
Ces meurtres, étroitement liés au trafic de drogue, vont alors être le point de départ d’une terrible guerre entre les narcos des cartels.

Tout commence le 11 juillet 1979, au centre commercial de Dadeland (Miami).
Cet après-midi-là, 2 hommes du cartel colombien armés de mitraillettes abattent un narcotrafiquant et son garde du corps dans un magasin d’alcool en plein jour !
Durant la fusillade, 60 balles sont tirées faisant en outre 2 blessés.
Les assassins, en prenant la fuite, arrosent tous les passants situés à proximité.
Quelques heures plus tard, à moins d’un kilomètre de la scène du crime, leur véhicule est retrouvé par la police, qui n’en revient pas…
Les criminels avaient laissé derrière eux un véritable char de guerre : une camionnette en acier renforcé équipée de hublots pour arme à feu, d’armes lourdes, de gilets pare-balles et de munitions.
En découvrant tout cet arsenal, les forces de l’ordre avaient dès lors compris la chose suivante : Miami était entrée dans un autre monde.
Il fallait désormais se rendre à l’évidence, les narcotrafiquants étaient  mieux armés que la police métropolitaine de Miami et commençaient à faire de la ville leur terrain de jeu.

Une journal sur la fusillade de Dadeland 1979

Extrait du journal « The Miami Herald » titrant « Dadeland secoué par la guerre de la drogue » (13 juillet 1979).

Policier pendant la fusillde du Dadeland en 1979

Un policier devant la scène de crime de la fusillade de Dadeland (1979) où 2 narcotrafiquants ont été abattus.

 

Suite à cet incident dramatique, les policiers surnomment les narcos de Miami les : « Cocaine Cowboys » (Cowboys de la cocaïne en français), que l’on pourrait définir ainsi :

  • Un colombien, en situation irrégulière dans le sud de la Floride, qui est soit là pour faire passer de la drogue ou soit pour régler un compte.

Après avoir fait l’objet d’une couverture médiatique nationale, la fusillade de Dadeland marquait donc le début d’une guerre de la drogue en Floride du Sud.
Les exécutions de type mafieux se sont par la suite intensifiées dans la région et la police, complètement débordée par la situation, ne pouvaient rien faire. En infériorité numérique par rapport aux narcos, elle peinait sérieusement à contenir le cataclysme qui s’abattait sur la ville.

Pendant que le cartel de Medellín consolidait son contrôle sur le commerce de la drogue dans la région, le rythme des meurtres lui s’accélérait.
La cocaïne était un business violent car il rapportait gros. En fait, il suffisait qu’un trafiquant de drogue soupçonne un autre de l’arnaquer pour que l’histoire se termine en bain de sang.
Compte tenu des profits (qui se chiffraient en millions de dollars), il était assez facile pour les gangsters d’appuyer sur la gâchette.
C’est pourquoi le nombre d’homicides a explosé à Miami dans les années 80. Les rivalités entre les cartels présents dans le sud de la Floride ont été en quelque sorte le déclencheur de la guerre.

D’ailleurs, un des cartels dominait le marché plus que les autres. Et ce dernier n’était pas dirigé par un homme, mais par une femme : Griselda Blanco.
Griselda Blanco était l’une des pionnières du trafic de cocaïne. Élevée dans les bidonvilles de Medellín, elle a commencé sa carrière criminelle en tant que pickpocket et braqueuse de banques, avant de se lancer dans le trafic de drogue et se hisser au sommet de la pègre.

Griselda Blanco

Photo de Griselda Blanco.

 

Elle était l’un des principaux chefs du trafic de cocaïne à Miami dans les années 80. Blanco travaillait étroitement avec le cartel colombien pour transporter illégalement la poudre blanche vers les États-Unis.
Grâce à elle, un volume impressionnant de drogue a circulé sur le sol américain, permettant entre autres à Pablo Escobar de développer son trafic aux USA.

Griselda Blanco a été la principale architecte du commerce de cocaïne entre l’Amérique du sud et Miami. Son arrivée en Floride a été en réalité le catalyseur de la guerre de la drogue.
Celle que l’on surnomme la « marraine de la cocaïne » a en effet été responsable de plus de 250 meurtres.
Pour Blanco, l’argent était plus important que la loyauté. Elle n’avait  aucun mal à ordonner des assassinats pour consolider son emprise sur Miami. Blanco était une psychopathe, elle pouvait tuer son associé comme son mari.

Le premier homicide dans lequel elle a été impliquée est celui de Dadeland, en juillet 1979. Puis d’autres ont suivi.
Beaucoup de ces assassinats consistaient à tirer dans des endroits bondés en plein jour. Personne n’était à l’abri des balles qui fusaient lors de ces règlements de comptes, même les enfants, c’est dire…
En fait, ses tueurs à gages (et les exécuteurs des cartels en général) ne se souciaient guère des victimes innocentes.
À cette époque, Griselda Blanco invente alors un nouveau type d’exécution : l’assassinat à moto. Un style de meurtre qui consiste à passer côté de ses victimes, les arroser de balles et fuir à toute vitesse tout en évitant le trafic.

Pour la police, la situation devenait de ce fait très compliquée.
Les criminels utilisaient d’ailleurs un nombre incalculable de fausses identités et de pseudonymes. Ce qui rendait la tâche difficile notamment pour retrouver les responsables des meurtres.
Parfois, les inspecteurs de police ne pouvaient même pas identifier les victimes, puisque la plupart étaient sans papiers.

Puis, il y a eu l’exode de Mariel : l’afflux de migrants le plus spectaculaire de l’Histoire américaine qui a amené des milliers de criminels cubains vers les côtes de Floride.
En 1980, Fidel Castro décide en effet de se débarrasser des indésirables de son pays : contrerévolutionnaires, gangsters, tueurs, violeurs, agresseurs d’enfants, tout y est.
À partir de là, de nombreux prisonniers cubains se sont retrouvés libres dans les rues de Miami.
En plus des narcotrafiquants colombiens, Miami devait donc faire face à un nouveau problème : la venue des criminels les plus impitoyables de Cuba.
Autant dire que la situation s’aggravait.

Exode de Mariel 1980

Bateau transportant les cubains expulsés de leur pays pendant l’exode de Mariel (avril 1980).

 

Suite à l’exode Mariel en 1980, le taux d’homicide à Miami doublait et le taux de criminalité augmentait de 89%.
La ville enregistrait plus de 560 homicides et devenait par la même occasion « capitale nationale du meurtre ».
Plus le temps passait et plus les cadavres s’amoncelaient dans les morgues. Les autorités étaient alors obligées de louer des camions remorque réfrigérés pour stocker le surplus de corps.

La situation devenait par conséquent insoutenable pour beaucoup…
D’abord pour la police, complètement dépassée par les évènements.
En plus d’être en sous-effectif, elle ne possédait pas d’armes lourdes et manquait cruellement de moyens financiers pour contre-attaquer.
Et bien sûr les civils, qui subissaient malheureusement les dommages collatéraux de ces règlements de compte entre narcotrafiquants.

Les habitants de Miami ont alors commencé à s’armer et à riposter. Puis il est arrivé un moment où les civils tuaient autant de criminels que la police !

Circuler dans les rues de Miami devenait dangereux et personne ne semblait avoir la solution pour contrer ce fléau.
Jusqu’au jour où le gouvernement a commencé à s’en mêler.

Le gouvernement américain passe à l’attaque

Les meurtres incessants perpétrés par les narcos dans les rues de Miami transformaient la ville en véritable champ de bataille.
L’image de Miami se dégradait de jour en jour. Le tourisme lui diminuait drastiquement et les médias critiquaient vigoureusement la situation chaotique dans la région.

Pourtant, une lueur d’espoir naît lorsqu’une unité spéciale nommée « CENTAC 26 » est créée.
Le CENTAC est une opération conjointe entre l’administration chargée de la lutte contre la drogue (DEA), la brigade d’homicides métropolitaine et d’unités luttant contre le crime organisé.
Son objectif ? Se débarrasser des criminels responsables de la vague d’homicides qui frappe Miami depuis la fin des années 70 (Griselda Blanco étant la cible n°1).
En somme, elle est formée pour combattre la gangrène narcotrafiquante dans les rues de la ville.

CENTAC 26 à Miami en 1982

Photo des membres du CENTAC 26 à Miami (1982).

 

Pour ce faire, les agents du CENTAC se sont d’abord mieux équipés que les narcos.
Habituellement, les tueurs des cartels avaient toujours un ascendant sur les policiers lors des confrontations armées. Leur arme favorite, le MAC-10 (mitraillette pouvant tirer 16 balles par seconde), surpassait largement le pistolet à grenaille des forces de l’ordre.
Pour corriger le tir, le CENTAC a donc décidé de se munir, non pas de mitraillettes, mais de mitrailleuses !
Dès lors, il était plus facile pour eux de lutter contre les trafiquants de drogue.

La preuve, grâce aux interventions du CENTAC, de nombreux criminels sont arrêtés. Griselda Blanco, de son côté, commençait à perdre beaucoup d’hommes.
Puis le gouvernement est entré dans la partie et l’empire de la marraine s’est effondré comme un château de cartes.

En effet, les actes barbares de Blanco ont finalement attiré l’attention des autorités fédérales et du gouvernement américain.
Ronald Reagan, le président des USA en personne, reconnaissait alors le sérieux problème de drogue à Miami.
Un constat fait suite à la saisie de 100 millions de dollars de cocaïne dans l’aéroport de la ville en 1982.
Dans la foulée, la « South Florida Drug Task Force » est créée. Un groupe de travail, dirigé par le vice-président George Bush, qui a pour but d’analyser les problèmes et déterminer les mesures à prendre pour lutter contre les crimes dans le sud de la Floride.
À partir de là, les évènements changent très vite.

Ronald Reagan pendant un discours sur la drogue à Miami

Discours du président américain Ronald Reagan dans les années 80 (image d’illustration).

 

À cette période, tout le monde en avait marre, que soient les habitants de la région ou le gouvernement. Pour remédier à cette situation catastrophique, les autorités gouvernementales ont donc décidé d’employer les grands moyens.
La cavalerie était dès lors amenée à Miami :

  • Des forces opérationnelles viennent en renfort
  • Les troupes de l’État patrouillent dorénavant dans les rues de la ville
  • La Marine prête 2 de ses avions radar pour lutter contre le trafic de drogue
  • Et l’armée de terre alloue certains de ses hélicoptères de combat

Pour les narcotrafiquants, la situation devenait par conséquent très tendue. Ce qui a d’ailleurs poussé Griselda Blanco, la marraine de la cocaïne, à partir en 1984 pour la Californie.
Bizarrement, lorsqu’elle s’en va, le taux d’homicide et le trafic de coke chutent radicalement à Miami. Los Angeles était devenue le nouveau QG des narcos et le sud de la Floride commençait ainsi à retrouver son calme.

Tous les grands noms impliqués dans le trafic de drogue à Miami sont ensuite arrêtés les uns après les autres, comme :

  • Max Mermelstein : qui devient ultérieurement informateur pour le gouvernement
  • Jorge « Rivi » Ayala : un des tueurs à gages de Griselda Blanco
  • Mickey Munday : un contrebandier américain à qui l’on doit le transport de plus de 38 tonnes de cocaïne de la Colombie vers les États-Unis (note : Mickey Munday a été arrêté qu’en 1992 après avoir échappé aux autorités fédérales dans un premier temps)
  • Jon Roberts : un autre trafiquant de drogue américain notoire ayant distribué pour plus de 2 milliards de dollars de cocaïne pour le cartel de Medellin (deviendra également informateur)
  • Et enfin Griselda Blanco : baronne de la drogue la plus éminente de Miami dans les années 80

Blanco est en effet arrêtée dans sa résidence à Los Angeles le 18 février 1985.
Emprisonnée jusqu’en 2004, elle est plus tard expulsée vers son pays natal, la Colombie. Là-bas, en 2012, l’ironie du sort a voulu qu’elle se fasse tuer par un assassin à moto, le mode d’exécution dont elle était à l’origine…

Photo d'identité judiciaire de Griselda Blanco en 1985

Photo d’identité judiciaire de Griselda Blanco à Santa Ana (Californie) en 1985.

 

La guerre de la drogue à Miami s’arrête donc après son arrestation en 1985.
Le sud de la Floride était enfin débarrassé de la violence et de la vermine narcotrafiquante.
La ville de Miami devait alors se reconstruire, ce qu’elle a fait dans les années qui ont suivi.

Miami, après la pluie le beau temps

Après cette ère de violence, Miami retrouve un mode de vie plus paisible. La ville réussit de fait à soigner son image à l’international et à attirer à nouveau les touristes.

Tous les commerces, jadis détenus par les narcos pour blanchir leur argent sale, ont fini par faire faillite et à fermer les uns après les autres : boîtes de nuit, concessions automobiles, bijouteries…
Ce qui a créé de nouvelles opportunités pour les investisseurs et permis à l’économie de Miami de repartir de l’avant.

On peut dire que le commerce de la drogue a sauvé Miami de bien des façons.
L’argent sale, provenant de la cocaïne, a, que l’on veuille ou non, favorisé l’essor d’infrastructures. Les milliards de dollars générés par la coke ont servi, en partie, à construire pléthores de biens immobiliers, tels que les gratte-ciel qui font aujourd’hui l’attractivité de la ville.

Vers la fin des années 80, Miami devenait donc plus glamour et plus exotique. La ville était à nouveau une destination de choix pour les touristes et tout rentrait dans l’ordre avec le temps.

Enfin, du moins en apparence, car le trafic de drogue était toujours présent dans la région. Certes, la violence avait diminué mais la cocaïne circulait encore.
Après Blanco, d’autres barons de la drogue n’ont pas hésité à prendre la relève à Miami : Pablo Escobar (cartel de Medellín) dans un premier temps puis les frères Orejuela (cartel de Cali).

Miami dans les années 80

Vue aérienne de Miami dans les années 80.

Les narcotrafiquants de Miami dans la culture populaire

(Cette dernière partie d’article est écrite par un invité, le blogueur et gérant du site Narcoculture-France. Comme vous l’avez vu dans le titre, il nous parlera ici de l’héritage des narcos de Miami dans la culture populaire.
Merci à lui et bonne lecture!)

Cette époque ensanglantée marquera pour longtemps « la porte des Amériques », et la quiétude qu’on prête volontiers à ses plages de sable fin, à tel point qu’on dira par la suite que si tu n’as pas vu le documentaire « Cocaïne Cow Boys » de Billy Corben, « tu ne connais rien de Miami ».

Le réalisateur, profondément marqué par les violences auxquelles il a assisté enfant, y raconte l’histoire de sa ville à cette période troublée. Des rixes et des règlements de compte, au train de vie inexplicablement aisé de certains de ses camarades de classe…

Pourtant, la violence et le trafic de drogue restera pendant longtemps un problème exclusivement miaméen, à une époque où l’Amérique a les yeux rivés avec effroi sur son rival de toujours, l’URSS, les plus pessimistes redoutant déjà un conflit nucléaire. Question de priorité. Dans les James Bond, les stéréotypes de méchants russes ont chasse gardée, et il faudra attendre Permis de tuer en 1989, puis Danger Immédiat (saga Tom Clancy, 1994) pour voir la satyre d’un narco colombien à l’écran comme ennemi de la nation à la bannière étoilée.

Aujourd’hui, lorsque l’on parle des cartels de la drogue de cette époque, il est quasiment impossible d’occulter la géopolitique emmêlée de la guerre froide, tant elle a joué (ou aurait joué) un rôle prépondérant dans le paysage du narcotrafic alors. Si vous êtes fan de la série Narcos, ou encore de l’œuvre de Don Winslow « La griffe du chien », qui tiennent lieu de références contemporaines en la matière malgré de nombreuses libertés octroyées, vous ne serez pas passé à côté de la figure roublarde de l’agent de la CIA qui semble autant lié à la DEA qu’aux trafiquants eux-mêmes, une figure que l’on retrouve comme schéma établi dans presque toutes les œuvres sur le sujet.

La vérité derrière ce stéréotype ? La CIA aurait entretenu des liens étroits avec plusieurs narcos des plus fameux et se serait compromis dans le trafic de drogue à échelle internationale pour le compte de la Maison Blanche. Du moins, selon la légende ; en effet la Guerre froide et son climat de tension exacerbée se prêtent volontiers aux théories les plus fantaisistes et nombre d’œuvres s’évertuent à revisiter les faits historiques du conflit.

Dans un bon nombre de films et de romans contemporains sur les barons de la drogue de cette époque, un pays revient sans cesse, fréquemment cité : le Nicaragua. Pourquoi ça ? Et bien disons que cela à avoir avec l’obscure théorie exprimée plus haut, on vous l’explique ici… Un nom revient sempiternellement pour étayer ces allégations, celui de l’ex dictateur panaméen Manuel Noriega, agent double/triple pour le compte de la CIA et des cubains qui tenait lieu de pierre angulaire pour tout ce qui touchait aux opérations de l’agence en Amérique centrale. Y compris livrer des armes aux Contras, les rebelles nicaraguayens s’opposant au gouvernement sandiniste établi après la révolution.

En effet, en pleine guerre froide, la priorité du gouvernement américain est d’empêcher l’instauration d’un nouveau régime favorable aux soviétiques en Amérique latine, après celui de Castro à Cuba. Ce dernier, établi à quelques kilomètres à peine du sol américain et de Miami, est déjà une épine dans le pied de la Maison Blanche, et celle-ci est résolue à ne pas laisser les mêmes causes se reproduire au Nicaragua.

Les USA livreront donc, dès 1981, des chargements d’armes aux Contras pour les soutenir et leur fourniront un appui logistique sans jamais envoyer d’hommes au sol, et aurait supposément fermer les yeux sur le financement de la guérilla grâce au trafic de drogue et l’entremise du général Noriega avec les narcos en Colombie. Après sa destitution à la suite de l’invasion américaine du Panama en 1989, Noriega sera d’ailleurs reconnu coupable de trafic de drogue, mis en cause par le Cartel de Cali avec lequel le Département de la Justice américain a conclu un accord pour obtenir le témoignage, puis sera extradé vers la France où il mourra en 2017, pour les mêmes faits.

Car le soutien apporté aux Contras marque une fracture dans la politique américaine ; le gouvernement de Reagan désireux de renverser par tous les moyens le gouvernement en place au Nicaragua et le Congrès des Etats-Unis cherchant à limiter son implication dans le conflit s’affrontent à coups de lois et d’amendements. A la suite du Boland Amendment, soutenir les rebelles nicaraguayens devient officiellement prohibé et la CIA voit ses fonds coupés pour ses opérations en Amérique centrale.

Il faut donc, privé de l’argent des contribuables américains, trouver une autre source de financement pour Reagan et ses ministres ; les plus cyniques les accuseront de s’être tournés vers le trafic de drogue, pour ce qui est du trafic d’armes en tout cas, c’est une certitude. C’est le scandale Iran-Contra. Le gouvernement de Reagan est alors accusé (et sera reconnu coupable) d’avoir secrètement vendu des armes à l’Iran qu’ils accusaient pourtant de soutenir le terrorisme et d’avoir reverser une partie des fonds obtenus aux Contras.

En novembre 1986, après une enquête de la Commission Tower, Ronald Reagan est contraint de reconnaître les faits lors d’une allocution télévisée, niant toutefois son implication personnelle. Dès 1985, les journalistes de l’Associated Press Robert Parry et Brian Barger déclarent avoir trouver des preuves impliquant les Contras dans le trafic de cocaïne ; et le journaliste Gary Webb avancera, une décennie plus tard, que la CIA était parfaitement consciente de l’implication des Contras avec les narcotrafiquants alors même qu’elle leur apportait son soutien. Victime d’une campagne de diffamation, le journaliste se suicidera avant de voir son travail finalement encensé qui donnera par la suite lieu à un biopic, « Secret d’Etat », avec Jeremy Renner.

Ses accusations seront le moteur de trois enquêtes diligentées (dont une par la CIA elle-même) pour en déterminer la véracité, sans que leurs conclusions ne corroborent toutefois cette théorie. Dans son livre « Pablo Escobar in Fraganti » Juan Pablo Escobar, fils du baron de la drogue, implique directement Georges Bush et le gouvernement américain dans les affaires de son père, racontant que son père et l’agence « étaient associés dans la vente de cocaïne afin de lutter contre le communisme ».

Plus mesuré, il avancera par la suite que, s’il ignore s’il s’agissait d’un complot organisé ou d’initiatives solitaires de la part d’agents, « il est évident que la DEA et la CIA étaient étroitement liées à tout cela (…) (le trafic de drogue) » et « qu’il y avait certainement des agents qui collaboraient avec mon père… ».

Malgré cette version romanesque soit souvent adoptée par le juge de paix de notre époque, la culture dite « populaire », certaines œuvres optent pour un tout autre parti. Dans « Barry Seal » par exemple, l’agent spécial qui chapeaute les opérations du pilote semble tout ignorer de ses activités avec le cartel de Medellin, bien qu’un obscur contact de la CIA au Nicaragua pousse celui-ci à accepter de travailler pour le compte du cartel dans le cadre d’un échange armes/cocaïne entre les colombiens et les Contras.

Au contraire, les agents spéciaux, dans le biopic du pilote américain, cherchent davantage à compromettre le gouvernement sandiniste en dénonçant son implication avec Escobar and Co ; dans le film, on voit l’assistant du ministre de l’intérieur nicaraguayen, un certain M. Federico Vaughan, comme cul et chemise avec les barons colombiens exilés dans le pays (Pablo Escobar, Jorge Luis Ochoa). Dans la réalité, ceux-ci cherchent à s’associer avec le gouvernement sandiniste à la suite de l’assassinat du ministre de la Justice colombien Rodrigo Lara et après que Noriega, qui les accueillit un temps au Panama, les enjoint de quitter son pays.

Barry Seal, informateur de la CIA, de la DEA et narcotrafiquant, sera assassiné par le cartel de Medellin après avoir transmis des photographies montrant la collusion des narcos avec les sandinistes. Des clichés dévoilés par la presse qui pousseront en 1986 le président Reagan à accuser le gouvernement du Nicaragua de trafic de drogue à échelle internationale ; accusation déjà étayées par un article du Washington Times de 1984 dénonçant la corruption des fonctionnaires du gouvernement sandiniste.

Depuis, le doute semble permis : qui des sandinistes ou de la guérilla cherchant à les renverser se sont le plus compromis dans le trafic de la cocaïne colombienne ? Quel rôle a eu la CIA dans tout ceci, et quelles étaient les attributions de Noriega vis-à-vis de l’agence ? Il faut dire qu’à l’époque, la cocaïne est présente sur tout l’isthme d’Amérique centrale ; d’après le baron de la drogue américain Ricky Ross, qui sévit à Los Angeles dans les années 80 pendant les « épidémies » de crack, la majorité de sa marchandise provenait alors du Nicaragua. « Selon le proverbe arabe : une fois que le chameau a mis le nez dans la tente, il est à l’intérieur de la tente… Et là, le nez du chameau communiste, c’est le Nicaragua », fait dire l’auteur Don Winslow à l’un de ses personnages.

Comme deux faces opposées d’une même pièce : la lumineuse DEA cherchant à endiguer le flot de drogues entrant dans le pays, et la nébuleuse CIA impliquée dans ces magouilles, s’évertuant à lui mettre des bâtons dans les roues. Sans tenir compte des faits dont nous disposons factuellement, c’est du moins ce que l’Histoire semble retenir aujourd’hui au travers de ces œuvres. Il y a fort à parier que nous n’ayons jamais le fin mot de cette histoire, autant dire que les auteurs et les scénaristes désireux de proposer leur réinterprétation de ces évènements s’en donneront à cœur joie pour longtemps encore…

Miami, elle, se développe sur le business de la drogue et devient l’éclatante cité balnéaire que l’on connaît de nos jours, après avoir payé un lourd tribut de sang. Une œuvre, plus que toute autre, dépeint une sombre partie de ce rêve américain : le remake de « Scarface » par Brian De Palma. Grandeur et décadence d’un narco, porté sur les écrans dès 1983. On y voit les tribulations de Tony Montana, criminel cubain expulsé par le régime de Castro vers les Etats-Unis, faire fortune dans l’envoûtante Miami de cette époque. 

Dans les aspirations du personnage, nulles considérations politiques ; seulement l’envie de s’élever aux plus hauts sommets et de régner sur ce biome extravagant de la pègre que représente Miami. Dans un nuage de poudre, la chute se fait aussi fulgurante que l’ascension ; mais comme en témoignait la série « Miami Vice », déjà, dès 1984 : sous les boules à facettes des clubs de Floride, à l’époque du disco, les gentils ne gagnent pas forcément, à la fin. 

Sources

https://www.imdb.com/title/tt0380268/
https://en.wikipedia.org/wiki/Miami_drug_war
https://culturecrusaders.com/2019/02/12/7-things-you-didnt-know-about-the-miami-drug-wars. (retirer le point à la fin)
https://www.southmiamirecovery.com/miami-drug-treatment-history-1/. (retirer le point à la fin)
https://recoveryfirst.org/florida-history-drugs-crime
https://www.miamiherald.com/news/local/community/miami-dade/kendall/article231644003.html
https://cgaviationhistory.org/1984-operation-hat-trick-the-coast-guard-takes-the-offensive-in-the-drug-war/. (retirer le point à la fin)
https://en.wikipedia.org/wiki/Griselda_Blanco
https://en.wikipedia.org/wiki/Prohibition_in_the_United_States
https://en.wikipedia.org/wiki/Meyer_Lansky
https://en.wikipedia.org/wiki/Max_Mermelstein
https://www.reaganlibrary.gov/archives/speech/statement-announcing-establishment-federal-anti-crime-task-force-southern-florida

Films, séries et jeux vidéo sur les Narcos de Miami dans les Années 80

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3 réponses sur « Comment les Narcotrafiquants ont Envahi Miami dans les Années 80 ? »

Bonjour,
le tErme « pistolet-mitrailleur » est préférable à celui de « mitraillette ».
Les policiers américains équipés de « pistolets à grenaille » au XXème siècle ? Information très douteuse.
Cordialement.

Superbe téléfilm documentaire sur cette histoire et ses personnages.
Très très beau et remarquable travail , mes compliments.
Bernard VANNUCCI

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